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MISE À JOUR SUR L’IMPACT DE LA MALADIE D’EBOLA SUR LES TRAVAILLEURS DU SECTEUR INFORMEL EN SIERRA LEONE

CONTEXTE

Le 25 Mai 2014, le gouvernement de Sierra Leone à travers le Ministère de la Santé et d’Assainissement a déclaré l’éruption d’une épidémie du virus d’Ebola (EVD) en Sierra Leone à la suite de la confirmation en laboratoire d’un cas suspect dans le district de Kailahun. Le district est situé dans la région orientale de Sierra Leone, qui fait frontière avec la Guinée et le Libéria.

Cette épidémie semble être un débordement de l’épidémie qui sévit actuellement en Guinée et au Libéria depuis Mars 2014. Depuis le 4 Septembre 2014, le pays a enregistré un nombre total de 1 179 cas confirmés d’Ebola; 404 décès confirmés à l’échelle nationale.

Le gouvernement travaille avec ses partenaires pour la conception et l’application des mesures d’intervention contre l’épidémie d’Ebola. Malgré l’existence de ces mesures, l’épidémie continue à se propager dans le pays.

Le Président de la République, le Dr. Ernest Bai Koroma dans son émission initiale à la nation le 30 Juillet, 2014 a proclamé un Etat d’Urgence de Santé Publique pour permettre au gouvernement et ses partenaires à développer une approche plus robuste pour faire face à l’épidémie d’Ebola. Il a créé un groupe de travail Présidentiel pour mener l’application de diverses mesures visant à lutter contre la maladie.

Conformément à l’alinéa 29 (5) de la Loi Constitutionnelle de Sierra Leone No. 6 de 1991, le Président a annoncé les règlements qui en découlent pour compléter les mesures déjà en vigueur.

  • Les transporteurs motocyclistes du pays doivent travailler de 7 heures -19 heures tous les jours dans toutes les régions du pays.
  • Toutes les boîtes de nuit, cinémas et centres de vidéo doivent cesser leurs activités immédiatement.
  • Tous les hôpitaux et cliniques de fortune doivent cesser leurs activités avec effet immédiat.
  • Toutes personnes mortes d’Ebola doivent être enterrées dans les localités de leur mort et leurs enterrements doivent être signalés au ministère de la Santé et de l’assainissement qui doit donner l’autorisation nécessaire. Le certificat de décès doit être émis avant tout enterrement.
  • La police Sierra Léonaise doit organiser des patrouilles régulières pour prévenir des vols à mains armées et d’autres activités illégales, y compris le mouvement non autorisé de personnes infectées d’Ebola.
  • Les centres d’opérations d’urgence (COU) au niveau du district doivent être activés immédiatement.
  • Les rassemblements publics sont interdits à l’exception de ceux qui concernent la sensibilisation en rapport avec l’épidémie d’Ebola.
  • Les moyens de transport vers les épicentres de la maladie sont limités.
  • Les partenaires bailleurs de fonds sont immédiatement cooptés comme membres du Groupe de Travail Présidentiel, et
  • Toutes les autorités concernées et le grand public sont exhortés à se conformer strictement à ces règles.

Le 4 Août, 2014, une journée nationale de rester à la maison a été observée par tous les citoyens dans tout le pays afin de réfléchir sur l’impact de la maladie d’Ebola. En plus, en Août 2014, le Parlement a adopté l’amendement de la Loi de 2014 sur la santé publique pour permettre l’application des nouveaux Règlements sur la santé publique.

Le gouvernement a ordonné l’utilisation d’une solution de chlore pour le lavage des mains avant d’accéder à tous les établissements publics y compris les banques, les installations d’assurance, les installations des entreprises de télécommunications, les installations sanitaires et d’autres bureaux publics et privés ainsi que des maisons. La situation est devenue très préoccupante, le gouvernement a donc l’intention de fermer le pays pendant trois jours (19-21 Septembre 2014) pour que tout le monde reste à la maison afin de procéder à une vérification maison par maison à l’échelle nationale qui emploierait 21 000 personnels qualifiés pour détecter les signes précurseurs de la maladie d’Ebola.

Nonobstant ce qui précède, trois médecins qualifies sont morts à la suite de l’infection par le virus d’Ebola pendant leur travail. En plus de cela, environ quarante-cinq infirmiers de première ligne et d’autres agents de l’EOC ont été infectés et sont morts du virus au moment de la préparation de ce rapport. C’est vraiment triste de voir des êtres chers mourir et enterrés comme des indigents sans que les membres de leurs familles soient autorisés de leur rendre le dernier hommage. C’est vraiment un problème sérieux!

EFFETS SOCIO – ÉCONOMIQUES DE LA LUTTE CONTRE LA MALADIE D’EBOLA

  1. La déclaration de l’état d’urgence de santé publique, le 30 Juillet 2014 continue de susciter la peur et la panique parmi la majorité des citoyens de ce pays.
  2. Avec la déclaration de l’état d’urgence de santé publique, les prix des biens et services ont augmenté considérablement, ce qui rend la vie très difficile pour la plupart des gens, y compris les travailleurs du secteur public et de l’économie informelle.
  3. Deux districts (Kailahun et Kenema dans la région de l’Est) ont été mis en quarantaine depuis le 6 Août 2014 (les gens ne sont pas autorisés à entrer et sortir de ces deux districts à l’exception du personnel essentiel et des marchandises).
  4. Les mesures concernant le transport en commun est un autre domaine qui a des répercussions sur les gens, surtout les travailleurs, les commerçants et les citoyens ordinaires qui, pour la plupart du temps utilisent des bus, minibus et des taxis comme moyen de transport pour se rendre en ville – pour leurs activités commerciales. Avec la réduction des services fournis par les transporteurs motocyclistes (de 7 heures à 19 heures tous les jours), les taxis et autres transports publics, les propriétaires de transport ont unilatéralement augmenté les frais de transport au plus grand détriment des clients. En plus, il y a maintenant une réduction du nombre de passagers à transporter par les bus et taxis posant ainsi un défi sérieux aux passagers en termes d’accès au transport.
  5. Le secteur bancaire a également été affecté par la crise d’Ébola par la prestation de ses services. Ses heures de travail ont été ramenées de 9 heures – 15h30 à 9 heures – 13h30 du Lundi au Vendredi.
  6. La fermeture des centres de divertissement dans tout le pays continue de poser un grand défi pour les jeunes qui seraient normalement dans les centres de vidéo en train de regarder des films et du football, entre autres.
  7. La déclaration de l’état d’urgence de santé publique a également affecté l’industrie touristique, avec des baisses significatives dans leurs opérations, principalement à cause de l’annulation des vols vers ce pays, ainsi que les activités entreprises par des hôtels qui sont subventionnés par les hommes d’affaires.
  8. La restriction du mouvement des gens dans certaines régions du pays continue à les affecter à la fois socialement et économiquement, étant donne que la plupart des gens, y compris les vendeurs de rue, les ambulants et autres commerçants, dépendent des districts de Kailahun et Kenema, actuellement en quarantaine, pour leurs affaires de diverses sortes.
  9. Ce qui est encore plus inquiétant au sujet de la crise de l’Ébola est qu’aucune déclaration n’a été faite à propos de la date de la réouverture des écoles et des collèges pour l’année scolaire 2014-2015.

IMPACT DE L’EPIDEMIE D’EBOLA SUR LE MOUVEMENT SYNDICAL EN SIERRA LEONE

L’épidémie d’Ebola dans le pays a eu un impact énormément négatif sur tous les aspects de la vie, y compris le mouvement syndical. Le mouvement syndical a été durement touché car les travailleurs aussi bien du secteur formel qu’informel sont affectés de plusieurs façons. Les travailleurs de l’économie informelle ont été touchés en termes d’exposition à la maladie à cause du type de travail qu’ils font. Un bon nombre de leurs membres ont été infectés par le virus et nombreux d’entre eux sont morts.

Plus précisément, le Syndicat des Travailleurs de Sierra Leone a enregistré 87 morts à compter du 14 Août, 2014 dans tout le pays. Toutefois, le syndicat continue à suivre de très près le rythme et les chiffres imputabilité de ses membres dans toutes les régions du pays.

Les activités quotidiennes et hebdomadaires normales à des endroits spécifiques ont été interdites à l’échelle nationale par le gouvernement. Il y a aussi un accès minimal aux fonds des banques à cause de la restriction des heures d’ouverture et de clôture.

L’épidémie a également eu un impact négatif sur ​​les transporteurs motocyclistes dont les opérations ont été limitées de 07h00-19h00. Cela signifie une perte considérable de revenus pour eux.

Les transporteurs automobilistes font aussi partie du groupe des travailleurs touchés dans le pays par l’épidémie d’Ebola. A cause de la restriction de la circulation des personnes d’un endroit à l’autre et cette mise en quarantaine continue, les transporteurs automobilistes ne peuvent plus faire des navettes avec les passagers d’un endroit à l’autre.

Comme résultat de l’effet de l’épidémie d’Ebola sur les motocyclistes et les chauffeurs des véhicules, surtout la mort de leurs membres, le 8 Septembre 2014 ils ont fait un communique de presse dans lequel ils ont déclaré le nombre total des décès de leurs membres dans tout le pays (14 pour les motocyclistes et 28 pour les chauffeurs des véhicules) et ont déclaré l’intention de stopper leurs opérations pour deux semaines.

Les pêcheurs artisanaux ont enregistré une faible capture à cause de la limitation du temps de pêche. En plus de ça, il y a eu aussi un gaspillage important de cette petite capture à cause d’une faible demande due à la restriction du mouvement de la population et aussi les marchés ne fonctionnent pas normalement dans le pays.

Depuis le début de cette épidémie au Sierra Leone, le secteur le plus touché en termes d’exposition, morts, déplacement, et stigmatisation par les communautés, c‘est le secteur de la santé. Selon les statistiques actuellement disponibles, au total 48 travailleurs du secteur de la santé (infirmiers, techniciens de laboratoire, porteurs, charges d’enterrement et trois Docteurs) sont déjà morts. Le secteur de la santé a été grandement dévasté par une morale très faible des travailleurs de sante. Il y a des cas connus de harcellement et d’expulsion forcé des travailleurs de santé par les propriétaires des maisons ou ils sont locataires.

Dans l’exercice de leurs fonctions de combattre le virus d’Ebola et s’occuper des personnes infectées, les travailleurs de santé sont limités par un approvisionnement inapproprié de l’Equipement de Protection Personnelle (EPP). Là où cet équipement existe, des cas de EPP de faible qualité ont été signalés, et ceci a été parmi les raisons qui ont causé l’infection des travailleurs de santé pendant l’exercice de leurs fonctions. Etant donné que cette maladie d’Ebola est un nouveau phenomène dans le pays, une formation des travailleurs de santé dans le maniement des personnes infectées était nécessaire. D’où, le taux élevé de mortalité du personnel de santé ce dernier temps.

Le Syndicat des Travailleurs Municipaux a aussi enregistré 25 morts parmi ses membres dans deux districts. Les membres des syndicats qui opèrent dans les secteurs de l’Industrie, le tourisme, l’agriculture, la pêche et les mines ont été soit licenciés ou alors ils ont vu leurs salaires réduits. Cette épidemie est responsable de la fermeture partielle ou totale de quelques institutions commerciales qui emploient la plupart de leurs membres. Selon le Secrétaire Général du Syndicat de Services de Sécurité, KBJ Conteh, le taux de licenciement de leurs membres a atteint presque 45% depuis Mars 2014.

Le declenchment de l’épidemie d’Ebola au Sierra Leone depuis Mai 2014 a aussi frappé durement l’industrie touristique. Cette épidemie est responsable de 98% d’annulation des réservations d’hotels dans tout le pays à cause de l’annulation des vols en provenance et en partance pour la Sierra Leone. Son effet évident sur l’industrie du tourisme est très dévastateur. Elle a augmenté le coût d’explotation d’un hôtel par jour, alors qu’il n’y a pas de recettes.

Nonobstant ce qui précède, la Sierra Leone Traders Union a besoin du soutien dans les domains suivants:

  • Sensibilisation et formation des membres sur les mesures préventives contre Ebola dans tout le pays et le traçage des contacts;
  • La provision de l’assistance spéciale aux travailleurs de santé sous la forme de l‘Equipement de Protection Personnelle;
  • Assistance aux familles des membres qui ont été mis en quarantaine à cause d’Ebola;
  • Assistance financière au Fond de Solidarité du Sierra Leone Traders Union pour s’occuper des travailleurs atteints ainsi que des membres des familles des travailleurs morts d’Ebola;

Dans les circonstances actuelles précaires et critiques auxquelles nous faisons face au Sierra Leone, nous demandons à StreetNet International d’aider notre Syndicat en mobilisant les ressources financières capables d’aider le syndicat à mener des activités éducatives et des mesures préventives, et aussi lui permettre d’assurer de l’assistance humanitaire à ses membres et familles qui sont déjà sous quarantaine.

En tant que partenaires en développement, nous demandons à StreetNet et à ses partenaires bailleurs de fonds d’étendre leur assistance au Sierra Leone Trade Union pendant ce moment très difficile sous forme d’un effort collectif visant à éradiquer cette maladie meurtrière qui a et continue à ravager la sous-région d’Afrique de l’Ouest.

Merci beaucoup et nous anticipons votre assistance généreuse.

Votre

Aaron A. Boima

Secretaire General National – Sierra Leone Traders Union
Coordinateur National: Secrétariat de Coordination du Secteur Informel – Sierra Leone Labour Congress.

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