Repon Chowdhury, président de Labour at Informal Economy (LIE) – affilié de StreetNet au Bangladesh – était l’un des participants au projet pilote de financement participatif pour le renforcement des capacités. Avec son équipe de cinq membres, ils ont développé la campagne intitulée « Soutenir les vendeuses de rue vulnérables au Bangladesh ». Nous avons contacté Repon pour comprendre quels étaient les défis auxquels ils ont été confrontés lors du développement de la campagne, et quelles sont les leçons tirées qu’il aurait pu partager avec d’autres vendeurs de rue intéressés à investir dans le financement participatif pour soutenir leurs membres.
Créer la campagne
Tout comme les autres participants au cours de renforcement des capacités sur le financement participatif, Repon et son équipe ont décidé que l’objectif de leur campagne devait consister en soutien des vendeuses de rue qui avaient perdu leur capital et leurs moyens de subsistance à cause de la pandémie. « Nous avions l’intention de soutenir environ 200 vendeuses de rue dans la ville de Dhaka qui étaient dans une situation vulnérable », dit Repon, « Nous avons ciblé ces femmes parce qu’elles étaient, pour la plupart d’entre elles, des mères célibataires ou les seules personnes qui gagnaient le revenu de leurs familles, qui se sont retrouvées dans la situation où des autres organismes gouvernementaux ou organisations de soutien ne les aidaient pas ».
La plupart des femmes que le LIE a visées à soutenir, sont membres de LIE, tandis que d’autres ne le sont pas. La campagne de financement participatif est alignée sur les priorités de LIE d’assurer la protection sociale des travailleurs de l’économie informelle. Par conséquent, la campagne visait à fournir à ces femmes des EPI et des produits alimentaires.
Défis dans la mise en œuvre de la campagne
S’inscrire sur la plateforme « Given Gain » a été un petit défi pour Repon et son équipe. StreetNet devait fournir une lettre attestant le statut de LIE en tant qu’affilié et le processus a pris plus de temps que prévu.
Repon et son équipe ont rédigé les versions préliminaires des documents de campagne et les ont améliorés suite aux commentaires de l’équipe StreetNet et du formateur Marco Kuntze, directeur de Relishing Digital, et du consultant engagé par WIEGO pour soutenir StreetNet dans ce projet. Pour Repon, cet appui a été précieux pour développer du matériel, mais le véritable défi était de pouvoir assurer un suivi continu de la campagne en raison d’un manque de ressources humaines.
« Nous n’avons eu aucun qui pourrait être chargée de la levée de fonds à plein temps dans l’organisation pour assurer le suivi et gérer régulièrement toutes les activités et les courriels. C’est un processus continu et nous avons eu besoin de quelqu’un dans l’organisation pour travailler sur ce domaine, car notre équipe avait déjà beaucoup de responsabilités à accomplir », explique Repon, « À l’avenir, nous aurons besoin de quelqu’un qui se concentrera uniquement sur les questions de levée de fonds ».
Un autre problème était le manque de sensibilisation aux campagnes de financement participatif au Bangladesh. Selon Repon, « dans le contexte du Bangladesh, il s’agit de quelque chose de nouveau pour nous, d’une chose qui pousse les organisations à s’engager dans le financement participatif. Cela prendra du temps et comme les pratiques de financement participatif ne sont toujours pas très populaires au Bangladesh, nous devons continuer à travailler dans ce domaine ».
Bien que les membres de LIE aient été très enthousiastes à propos de la campagne, certains étaient frustrés par le manque de progrès. C’est l’un des défis auxquels sont confrontées de nombreuses organisations – d’une part, elles ont besoin de quelqu’un qui se concentrerait sur la collecte de fonds pour améliorer leur capacité financière ; d’autre part, le manque de capacité financière ne leur permet pas d’embaucher du nouveau personnel. Mais Repon est convaincu qu’ils seront en mesure de relever ces défis avec le soutien et la solidarité de partenaires clés.
« Nos membres et nos leaders étaient très enthousiastes. C’était une bonne nouvelle de voir un organisme de l’économie informelle lancer cette campagne numérique », déclare Repon, « Notre centrale syndicale nationale, Congrès des syndicats libres du Bangladesh (BFTUC), a également partagé notre campagne sur leurs canaux de médias sociaux et continuerait à soutenir LIE pour améliorer ce domaine. Certaines des contributions que nous avons reçues jusqu’à présent proviennent des syndicats, en fait. Mais quand même, nous sommes en retard par rapport à l’objectif ».
Tout comme ce fut le cas avec les participants du Ghana, Repon a également souligné que le fait de devoir utiliser des cartes de crédit pour faire des dons rendait le processus plus difficile pour soutenir la campagne dans la plate-forme Given Gain. « Il nous fallait concevoir plus d’options de paiement », a déclaré Repon, affirmant qu’il existait de nombreuses alternatives de paiement numérique locales qui seraient plus adaptées pour mobiliser les supporters au Bangladesh.
Leçons tirées
Repon s’est engagé à investir dans le financement participatif à long terme. Selon lui, la participation de son organisation à la séance de formation sur le renforcement des capacités se présente donc comme une première étape importante et voilà pourquoi :
Le financement participatif est une bonne formation au développement des compétences :
Selon Repon, cette séance de formation lui a permis, ainsi qu’à son équipe, de développer des compétences importantes liées à la mise en œuvre de campagnes. « Avant la séance de formation sur le financement participatif organisé par StreetNet, nous n’avions aucune idée sur les possibilités de mobiliser ces fonds via une plateforme. Ce fut une très bonne expérience d’apprentissage pour moi et pour mes collègues de LIE, de comprendre le processus, la dynamique et les techniques. Il s’agit d’un savoir pour notre vie et pour moi et mon équipe. Je voudrais donc remercier StreetNet et notre formateur Marco pour nous avoir fourni de bonnes connaissances et compétences dans ce domaine ».
Le fait de participer à la formation avec d’autres organisations de vendeurs de rue est bon pour développer votre réseau :
Selon Repon, un autre point fort de la formation sur le renforcement des capacités, a été l’occasion de le suivre le déroulement avec d’autres affiliés de StreetNet. « Au cours de la formation, nous avons été présentés à d’autres organisations et nous avons partagé des idées et des expériences ».
La séance de formation permet aux organisations d’étendre la notion de leur levée de fonds jusqu’à des campagnes numériques
Repon décrit cette séance de formation comme une séance « opportun » et remercie beaucoup StreetNet pour cette initiative. Maintenant que les outils et les compétences numériques sont plus importants qu’avant, il est essentiel que les organisations apprennent à lever des fonds en ligne.
« Je vois une très bonne perspective pour des organisations comme la nôtre à continuer à travailler dans ce domaine. Nous n’obtiendrons peut-être pas de résultats immédiats, mais à long terme, si nous continuons à investir dans ce domaine, nous réussirons à construire une nouvelle meilleure plateforme pour une collecte de fonds ».
En général, Repon dit qu’il n’aurait rien fait de différent. Il a une stratégie à long terme et compte également sur le soutien de StreetNet pour continuer à développer ses compétences dans ce domaine. « J’espère que ce processus de formation pourra se poursuivre et que StreetNet pourra peut-être former un réseau pour les personnes qui assistent à ce cours de renforcement des capacités et effectuera un suivi de temps en temps, ce qui nous aidera à garder le cap dans ce domaine ».
LIE a déjà soutenu ses membres tout au long de la pandémie. Cependant, la campagne de financement participatif n’a pas mobilisé suffisamment de fonds jusqu’à présent pour que ces membres renforcent leurs activités comme prévu. Vous pouvez toujours faire un don à la campagne de financement participatif de LIE et soutenir 200 vendeuses de rue vulnérables au Bangladesh !