Les 23, 24 et 25 mai 2022, à São Paulo, au Brésil, StreetNet International a tenu la réunion régionale pour ses affiliés des Amériques. Les leaders des organisations des affiliés de StreetNet représentant les vendeurs de rue de 11 pays (États-Unis, Mexique, Guatemala, Le Salvador, Nicaragua, Costa Rica, République dominicaine, Colombie, Uruguay, Brésil et Chili), se sont réunis pour discuter des défis et des voies à suivre par les vendeurs de rue dans cette région et planifier les objectifs et les buts de l’organisation pour l’avenir. Le déroulement de la réunion, qui a eu lieu à l’Institut Polis, a été également dispensé en ligne pour les représentants de vendeurs de rue du Honduras.

La réunion en présentiel n’avait pas eu lieu dans la région depuis longtemps et c’était la première activité organisée dans ce format dans la région après la pandémie.

Au cours des deux derniers mois qui précédaient la réunion, l’organisation affiliée brésilienne, UNICAB (União Nacional de Trabalhadores/es Camelôs, Ambulantes e Feirantes do Brasil / Union nationale des travailleurs et travailleuses, des marchands ambulants et des vendeurs des marchés du Brésil), qui a accueilli les participants, a été chargée d’organiser la partie logistique et méthodologique de la réunion en partenariat avec le bureau de SNI, en dialogue permanent avec le Point focal et en coordination avec FESTIVES, affilié du Salvador. Ce dernier a été chargé d’assurer le bon déroulement des réunions en ligne avec les leaders de la région au cours de leur préparation.

Le premier jour de la réunion, UNICAB a proposé un séminaire avec divers alliés impliqués dans la lutte des vendeurs de rue dans le pays et dans la région pour réfléchir collectivement sur la situation actuelle dans le monde du travail, notamment en ce qui concerne le travail dans l’économie informelle et dans le secteur de la vente ambulante.

Le séminaire « Défis et voies de la lutte internationale des travailleurs de l’économie informelle » avait comme intervenants Jordania Urena de la Confédération des syndicats des Amériques – TUCA ; Pat Horn, Conseillère principale à StreetNet et membre de l’organisation internationale « Women in the Informal Economy Globalizing and Organizing – Wiego » ; Anne Sena, représentante de la Centrale des coopératives et des entreprises solidaires – Unisol, du Brésil ; Ivone Aparicio, représentante de l’Union des travailleurs de l’économie populaire – UTEP/Argentine, et des députés fédéraux brésiliens, responsables du Front parlementaire pour la défense des travailleurs de l’économie informelle de Vicentinho, du Parti des Travailleurs (Partido dos Trabalhadores – PT), et Samia Bonfim du Parti PSOL. Le séminaire a été aussi marqué par la participation de l’ancien sénateur, actuel conseiller municipal et défenseur mondial du revenu de base universel, M. Eduardo Suplicy (PT).

La médiation du séminaire a été assurée par le coordinateur du point focal, Hermínio Diaz. En outre, le séminaire a été marqué par la présence du vice-président de StreetNet, Alberto Santana (FUTTEINCO – République dominicaine), Juliano Fripp (Unicab – Brésil) et de l’organisatrice de StreetNet pour les Amériques, Maira Vannuchi.

Le débat a été surtout porté à l’analyse des défis dans le monde du travail, tels que l’augmentation progressive du travail dans l’économie informelle et le besoin pressant de développer des stratégies d’organisation et de renforcement des travailleurs précaires vers la défense de leurs droits face aux grandes transformations économiques mondiales. Quelle que soit l’origine de l’aggravation de la pauvreté et des inégalités, comme la pandémie de COVID-19, les flux migratoires, la guerre, les plans de relance économique des pays et des personnes en situation de vulnérabilité sociale, passe par l’entrée dans l’économie populaire. Par conséquent, de nombreux gouvernements envisagent à nouveau d’introduire des garanties de revenu de base et une protection sociale précédemment abandonnées, pour une reprise économique plus inclusive après sa crise.

L’économie sociale et solidaire joue un rôle décisif dans ce processus, car elle construit la solidarité, l’identité de classe et l’unité entre les travailleurs de l’économie informelle, en plus de fournir des instruments pour la création de moyens collectifs pour répondre aux problèmes communs à tous.

Nous avons eu l’occasion de découvrir des expériences inspirantes en matière de la lutte de rue en Amérique latine, comme la lutte menée par l’Union des travailleurs de l’économie populaire (Union de Trabajadores de la Economia Popular – UTEP) d’Argentine, une organisation syndicale nationale qui représente les travailleurs dans l’économie populaire et leurs familles et qui vise, selon eux, à être un outil de lutte pour la restitution des droits du travail et des droits sociaux que le néolibéralisme a enlevés aux travailleurs et que ces derniers n’ont pas encore récupérés.

L’UTEP a mené une expérience réussie – une tradition de l’expérience des piqueteros (piqueteurs) – d’organisation territoriale dans les quartiers, ainsi que l’expérience de construction d’alliances de travailleurs de l’économie populaire des différents secteurs. Leur travail leur a permis de conquérir en 2016 une reconnaissance très importante des travailleurs de l’économie informelle, en faisant approuver la Loi d’urgence sociale et le paiement par le gouvernement fédéral d’un salaire social complémentaire de 50% au salaire minimum, sachant que si le pays est incapable d’offrir des emplois formels à tous, l’État doit être tenu pour responsable de la vulnérabilité de ceux qui travaillent dans l’informalité. L’UTEP a également apporté quelques expériences d’économie solidaire dont les travailleurs de l’économie populaire du pays ont fait preuve.

Une autre expérience importante a été de connaître, à travers les parlementaires brésiliens présents au séminaire, le processus de construction d’un Front parlementaire fédéral de défense du travail dans l’économie informelle. L’idée a été de s’articuler avec des organisations représentant les travailleurs informels, comme l’Unicab, affilié de StreetNet, pour construire des politiques nationales de défense des droits de tous ces travailleurs de différents secteurs de l’économie informelle, en avançant dans la construction d’un débat public et d’une lecture politique commune sur le monde du travail qui insère cette énorme partie de la main-d’œuvre du pays dans les droits du travail et de la sécurité sociale. La formation du Front est le résultat des efforts de plaidoyer d’Unicab, qui a suivi une formation en techniques de négociation offerte par StreetNet et WIEGO en 2019.

La planification

Après avoir analysé la situation avec plusieurs alliés, à partir d’une réflexion commune sur les défis et les voies à suivre dans le monde du travail aujourd’hui, le groupe de leaders des vendeurs de rue s’est plongé dans les jours suivants dans la planification stratégique de StreetNet dans la région pour la prochaine période.

A travers la dynamique, le travail de groupe et le débat en plénière, les différentes étapes de la planification ont été réalisées. Ces derniers ont été suivis de l’évaluation du travail, des succès et des erreurs de StreetNet, ainsi que d’une analyse des principaux défis auxquels sont confrontés les vendeurs de rue dans les pays, ce qui a favorisé une cartographie des principaux problèmes communs à tous et une réflexion collective sur ce que seraient les moyens d’agir sur ces défis.

Les représentants ont ensuite analysé la stratégie actuelle de StreetNet et ses priorités stratégiques, afin de formuler, sur la base des résultats des activités de ces derniers jours, les objectifs et les buts du travail régional de StreetNet pour les années à venir.

La coordinatrice internationale de StreetNet, Mme Oksana Abboud, a animé virtuellement une étape du travail axée sur la clarification de la structure de gouvernance de StreetNet pour tout le monde, en expliquant qui sont les dirigeants élus et leurs rôles ; la manière dont l’organisation fonctionne ; qui est guidée par les recommandations prises lors d’un Congrès International, organisé tous les quatre ans (le prochain aura lieu en 2023). Grâce à cela, il a été possible de clarifier les doutes et de travailler avec les leaders des Amériques sur leurs idées et propositions pour le principal moment de prise de décision politique de l’organisation pour l’année prochaine.

Le programme de la réunion comprenait une visite sur le terrain, dans l’un des plus grands centres de vente de rue d’Amérique latine, le marché de l’aube de Brás (Feirinha da Madrugada), où le groupe s’est rendu à l’aube pour découvrir le travail des vendeurs de rue locaux et vivre leur expérience sur place.

La réunion s’est terminée par un atelier de communication virtuel, animé par la responsable de la communication et des médias, Mme Margarida Teixeira, dont l’objectif était de donner l’importance de la communication stratégique à l’organisation et à la mobilisation des vendeurs de rue de nos jours. Cet atelier a permis aux leaders de mieux connaître les outils utilisés, de proposer des idées et des améliorations pour la communication de l’organisation, ainsi que de former, bien que de manière naissante, les leaders aux instruments de communication pour renforcer leurs luttes au niveau national.

Travail bien fait

Les participants ont fait part dans leur évaluation d’une grande satisfaction de cette réunion et du sentiment d’avoir travaillé fort et d’avoir pris des notes significatives pour les étapes de l’organisation, en profitant de l’opportunité inégalée de la rencontre en face à face, en resserrant les liens et en renouvelant les énergies pour la lutte.

La réunion a en effet été un succès grâce au travail de plusieurs affiliés et du personnel, telles que Pilar Balbuena, conseillère en plaidoyer international, et Annelene Shahbaz, responsable financière et administrative de StreetNet, en plus de la direction locale d’Unicab et de ses conseillers engagés et, enfin et surtout, les représentants de chaque pays qui, de manière concentrée et énergique, ont travaillé intensément pour tirer parti de la réunion et faire valoir notre devise « Rien pour nous sans nous ».

Voir un résumé vidéo de la réunion ci-dessous: