Déclaration de position du Forum des Femmes Commerçantes Transfrontalières sur l’Intégration du Genre dans la Politique Commerciale Régionale de la SADC et le cadre de Politique sur la Zone Tripartite de Libre-échange
Le 11 Juillet 2013, Johannesburg
Nous, les femmes représentantes des Associations des Commerçants Informels Transfrontaliers (ICBTs) en provenance du Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe, sommes réunies à Johannesburg, en Afrique du Sud dans le cadre du Forum des Femmes Commerçantes Transfrontalières sur l’Intégration du Genre dans la Politique Commerciale Régionale de la SADC et le cadre de Politique sur la Zone Tripartite de Libre-échange (ZTLE) du 10 – 11th Juillet 2013.
Nous avons sérieusement discuté des questions cruciales qui affectent les femmes impliquées dans le commerce transfrontalier au sein de la zone de libre-échange de la SADC (ZLE de la SADC) et nous nous sommes penchées sur la question du degré d’intégration du genre dans l’application du régime commercial de la SADC.
Le dialogue a fourni une plate-forme pour accroître le réseautage, la coordination et la collaboration parmi les femmes commerçantes transfrontalières afin d’identifier les principaux défis qui se posent dans les transactions commerciales dans la région de la SADC. Ceci a été fait dans le but d’influencer les processus, les négociations et l’application des propositions qui peuvent répondre aux opportunités et défis lorsque la ZTLE sera mise en place.
Nous avons examiné ce qui doit être fait pour promouvoir et donner du pouvoir aux femmes des ICBTs dans la région de la SADC et la proposée ZTLE.
Nous prenons acte des initiatives positives prises par la SADC pour la promotion des femmes et pour faire face aux défis qui sont propres aux femmes à travers la conclusion du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, la création du Département de Genre au sein de la SADC et l’élaboration de la stratégie de la SADC sur le Genre. Cependant, un fossé est encore perceptible concernant l’application de l’intégration des femmes dans les programmes nationaux où la situation des femmes dans le commerce informel transfrontalier n’est pas encore résolue.
Préoccupées par l’appréciation limitée du rôle que les femmes des ICBTs jouent dans les économies de la SADC et reconnaissant que la ZTLE représente une opportunité unique pour les ICBTs, nous avons identifié les principaux défis suivants:
- Manque d’information sur les documents juridiques existants qui s’appliquent à la ZLE de la SADC tel que le Protocole de la SADC sur le commerce et le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement;
- Application limitée de mesures de facilitation du commerce dans le cadre du Protocole de la SADC sur le commerce par les Etats membres qui entrave le progrès du commerce intra régional au sein de la SADC;
- Faible niveau de sécurité aux postes frontières où les femmes sont harcelées pendant le transit et le niveau élevé de corruption par les fonctionnaires aux postes frontières;
- L’existence de barrières linguistiques qui rendent les échanges transfrontaliers difficiles parce que les commerçants sont incapables de comprendre les exigences légales du commerce dans les autres États membres de la SADC;
- Le manque d’infrastructures du marché (par exemple le marché de la COMESA à Lusaka, Zambie), dans lequel les commerçants transfrontaliers peuvent opérer à l’intérieur des États membres de la SADC;
- La non-reconnaissance du rôle des femmes dans les ICBT et l’absence de politiques au niveau national qui répondent à leurs défis;
- Échec par les femmes des ICBTs de porter leurs problèmes à l’attention des fonctionnaires du gouvernement qui sont responsables de la formulation des politiques;
- Les femmes membres des associations ICBT ne sont pas visibles là où elles existent et là où elles n’existent pas, elles éprouvent des difficultés à obtenir la reconnaissance parce que le processus d’enregistrement de leurs associations est compliqué;
- La SADC n’a pas adopté le Régime de Commerce Simplifié (RCS) qui rend le commerce transfrontalier moins compliqué, comme en témoigne l’efficacité du RCS de COMESA et
- La difficulté de mouvement des commerçants transfrontaliers et leurs biens dans la région de la SADC, qui est aggravée par les exigences compliquées en matière douanière et d’immigration.
Les principaux enjeux identifiés exigent que les femmes des ICBT collaborent dans la lutte pour leurs besoins et nous avons besoin du soutien de nos gouvernements respectifs. Nous reconnaissons que nous avons un rôle à jouer pour trouver des solutions à nos problèmes et nous nous engageons donc à: –
- Promouvoir le leadership des actuelles associations ICBT qui ont la connaissance requise du régime juridique réglementant le commerce au sein de la SADC et améliorer la base de la connaissance et de l’expertise des associations ICBT sur les procédures et la documentation douanières, la classification tarifaire, les règles d’origine, le RCS, les barrières techniques au commerce telles que les mesures sanitaires et phytosanitaires (MSP), la sécurité et les questions transversales dans la ZLE de la SADC.
- Renforcer le rôle et la visibilité des femmes dans les ICBT de la SADC en créant la liaison entre les association existantes de commerce transfrontalier et en plaidant pour leur formation là où elles n’existent pas avec le but ultime de constituer un réseau régional au sein de l’Association de Commerce Transfrontalier en Afrique Australe (SACBTA) comme organisation faitière qui sera la voix des femmes des ICBTs dans la région.
- Entreprendre des activités qui favorisent la prise de conscience sur l’état de la ZLE de SADC, la ZTLE et la feuille de route proposée par la mise en place d’un bulletin d’information au sein de la SACBTA.
- Jouer un rôle proactif à travers le renforcement des associations et enclencher un dialogue avec les gouvernements afin d’aborder les défis identifiés.
- Discuter avec les États Membres pour qu’ils envisagent d’inclure le RCS dans la ZTLE.
Tenant compte du fait que certains des défis auxquels nous sommes confrontés nécessitent l’intervention de nos gouvernements, nous appelons les Etats membres de la SADC à –
- Faciliter la diffusion de l’information et le renforcement des capacités des parties prenantes au commerce sur le régime juridique régissant les ZLE de la SADC et le projet de ZTLE;
- Renforcer les structures existantes au sein de la SADC tel que le “Gender Unit” pour aborder efficacement les défis rencontrés par les femmes commerçantes.
- Mettre sur pied des mesures de facilitation du commerce comme celles qui suivent –
- Simplification de la documentation douanière et la traduction de ces documents dans les langues nationales;
- établissement des bureaux d’information sur le commerce là où ils n’existent pas et/ou renforcement de ceux qui existent déjà aux postes frontières.
- amélioration des régimes juridiques qui permettront aux femmes mariées d’avoir accès aux facilités de crédit;
- création d’infrastructures de marché CBT au niveau national; et
- renforcement des mesures de sécurité pour les femmes aux postes frontières.
- Simplifier le processus d’enregistrement des associations pour permettre aux ICBTs de faire enregistrer leurs associations.
- Mettre en application le Protocole de la SADC sur le genre et le Développement.
- S’assurer que le protocole de la SADC sur la libre circulation des personnes entre en vigueur et est appliqué au niveau national.
- Adopter le RCS au sein de la SADC et dans la ZTLE.
- Intégrer la question du Genre au sein de la ZTLE.
Après avoir identifié les principaux défis auxquels les femmes font face dans les ICBT et ayant développé des recommandations sur la manière dont ces défis peuvent être relevés, nous nous engageons à porter cette déclaration de position à l’attention des Etats membres de la SADC.
Prenant acte de la passion que la Présidente entrant a pour la promotion des femmes et l’amélioration de leurs rôles dans la société, nous avons décidé de nous engager dans un dialogue avec Son Excellence Dr. Joyce Banda pour lui faire connaître les enjeux identifiés comme moyens de former un partenariat dans la résolution de ces questions dans la région de la SADC.
En conclusion, nous allons travailler sans relâche pour l’instauration d’un environnement propice pour un commerce transfrontalier régulier et des moyens de subsistance durables et garantis ainsi que l’éradication de la pauvreté de notre peuple.
Rien sur Nous Sans Nous!