COVID-19 et les deux mil millions de travailleuse·eur·s de l’économie informelle dans le monde – Plateforme solidaire mondiale du réseau WIEGO

Par StreetNet International
22 mai, 2020
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Les organisations de travailleuse·eur·s de l’informel dans l’économie mondiale appelons aux gouvernements de tous les niveaux à s’associer avec nous dans les initiatives de secours, relèvement et renforcement émergeant des bases pendant cette crise sans précédent.

Les travailleuse·eur·s de l’informel sont et ont toujours été essentiel·le·s

Les vendeuse·eur·s de rue et commerçant·e·s de marché sont un maillon
fondamental reliant la sécurité alimentaire et les besoins
élémentaires, notamment pour les segments les plus démunis de la
société. Les récupératrice·eur·s et les recycleuse·eur·s fournissent des
services d’assainissement et de gestion des déchets solides qui
contribuent à la santé publique, diminuent les coûts des sites
d’enfouissement et favorisent un environnement plus sain. Les
travailleuses domestiques sont en première ligne pour répondre aux
normes d’hygiène et s’occupent de la prestation de soins, notamment pour
les personnes malades et les plus âgées. Les travailleuse·eur·s à
domicile assurent le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement, et
cousent des masques et des tenues médicales pour les travailleuse·eur·s
de première ligne. L’économie de la planète dépend de notre travail.

L’économie mondiale ne peut pas se remettre sur pied sans nous

Selon l’Organisation internationale du Travail,
les mesures d’isolement social et d’autres restrictions visant à
contenir la COVID-19 affectent négativement 81 % des 3,3 mil millions de
travailleuse·eur·s dans le monde. 61 % de la population occupée dans le
monde – deux mil millions de travailleuse·eur·s environ – sont en
emploi informel. Dans les pays en voies de développement, nous sommes
90 % de l’emploi total.

Les mesures de santé publique qui restreignent la circulation ont
empêché nos membres de travailler. Une journée sans travail est synonyme
d’une journée sans revenu. Elles et ils ne peuvent pas rester chez eux
sans faim, et ne peuvent pas non plus travailler sans s’exposer aux
virus. Dans plusieurs pays, les efforts d’assistance n’atteignent pas
nos travailleuse·eur·s. Les expulsions brutales et la violence contre
les femmes sont aussi largement répandues. Notre étude concernant les premiers effets de la crise
montre la manière dont sont affectés les revenus dans nos secteurs. Les
travailleuse·eur·s de l’économie informelle qui manquent depuis
longtemps de protection sociale et d’accès à des soins médicaux
souffrent les conséquences les plus pénibles. Les sociétés ont besoin de
la collaboration des organisations de travailleuse·eur·s de l’économie
informelle dans la conception de politiques publiques plus efficaces
pour répondre à la crise, dans la perspective d’un relèvement à long
terme et d’une réforme structurelle.

L’économie doit changer radicalement pour s’aligner avec les principes fondamentaux de l’inclusion  

Dans toute la planète, la crise de la COVID-19 a attiré l’attention
sur les inégalités de longue date concernant la manière dans laquelle
les gouvernements et l’industrie traitent l’ensemble de la population
occupée de l’informel. La Fédération Internationale des
Travailleuse·eur·s Domestiques, StreetNet International, HomeNet de
l’Asie du Sud, HomeNet de l’Asie du Sud-Est, HomeNet de l’Europe de
l’Est et l’Asie Centrale et l’Alliance Globale de Récupératrice·eur·s,
en tant que membres du réseau WIEGO, demandent instamment les
décidéuse·eur·s de politiques d’appliquer les principes suivants dans
toutes leurs actions de secours et relèvement, ainsi que dans la gestion
de la santé publique et l’activité économique :

  1. RIEN POUR NOUS SANS NOUS. Nous, en tant que
    mouvement mondial de travailleuse·eur·s de l’économie informelle, nous
    avons des décennies d’expérience en organisant et en favorisant
    l’articulation entre les travailleuse·eur·s, les communautés, les
    gouvernements et les entreprises. Nos leaders ont de l’expérience dans
    la négociation et l’éducation entre pairs, connaissent bien le
    fonctionnement interne de leurs secteurs et travaillent sans relâche
    pour répondre à la crise aiguë à laquelle nos membres de base font face,
    ainsi que pour maintenir la cohésion sociale dans le contexte de la
    crise. Le fait de nous inclure dans la prise de décisions bénéficiera
    non seulement le 61 % des travailleuse·eur·s du monde, c’est-à-dire,
    celles et ceux qui sont en emploi informel, mais aussi les communautés
    locales, les économies nationales et les systèmes mondiales qui nous
    relient toutes et tous.
     
  2. NE PAS NUIRE AUX TRAVAILLEUSE·EUR·S. Les
    politiques et les pratiques pendant et après la crise de la COVID-19
    doivent reconnaître les travailleuse·eur·s de l’économie informelle et
    leurs organisations. Les agents chargés de l’application de ces
    politiques doivent recevoir des instructions claires pour ne pas
    harceler, violenter, corrompre, expulser de manière forcée ou détruire
    les biens des travailleuse·eur·s, y inclus leurs logements et lieux de
    travail. Il est nécessaire d’accorder une attention spéciale aux coûts
    et risques subis par les femmes travailleuses dans le contexte actuel et
    dans le long terme.
     
  3. VOIR LA TRANSFORMATION. Un nouveau modèle de
    travail et de production est nécessaire ; un modèle équitable et
    redistributif, reconnaissant et valorisant toutes les formes de travail.
    La transformation dont nous avons besoin pour atteindre ce modèle doit
    commencer dès maintenant, avec l’engagement d’un plan de relèvement qui
    mette l’accent sur la transition de l’économie informelle à l’économie
    formelle, conforme aux droits établis par la Recommandation 204 de
    l’OIT. Les investissements à long terme sont donc nécessaires pour
    rebâtir l’économie, axée sur la compréhension du fait que les
    travailleurs de l’informel, notamment les femmes, sont le soutien des
    ménages, des communautés et des économies. Ces travailleuse·eur·s jouent
    un rôle central dans la reconstruction des chaînes d’approvisionnement
    locales et nécessitent la garantie d’un travail digne dans tous les
    secteurs.

Des réseaux internationaux de travailleurs de l’économie informelle signent conjointement la plateforme de solidarité mondiale WIEGO

Les organisations soussignées sont membres du grand mouvement
mondial de travailleuse·eur·s de l’économie informelle. Ensemble, elles
représentent plus de 2,1 millions de personnes dans toute la planète.

Fédération Internationale de Travailleuse·eur·s Domestiques (FITD)
Elizabeth Tang, Secrétaire générale, elizabeth.tang@idwfed.org

StreetNet International
Oksana Abboud, Coordinatrice internationale, coordinator@streetnet.org.za

HomeNet de l’Asie du Sud
Janhavi Dave, Coordinatrice internationale, janhavi.hnsa@gmail.com

HomeNet de l’Asie du Sud-Est
Suntaree H. Saeng-Ging, Coordinatrice. ss.sunny@hotmail.com

HomeNet de l’Europe de l’Est et l’Asie Centrale
Violeta Zlateva, Présidente, violetazlateva@gmail.com

Groupe de travail de HomeNet International
Janhavi Dave, Coordinatrice internationale désignée, janhavi.hnsa@gmail.com

Alliance mondiale des récupératrice·eur·s
Nohra Padilla, Leader des récupératrice·eur·s, arbesp@gmail.com

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