Le 26 juin 2020, Mme Oksana Abboud, coordinatrice internationale de StreetNet International, a participé au webinaire de l’Alliance des villes « Apprendre des villes pour faire progresser l’égalité des sexes – Le nouveau plan d’action de l’UE en matière de genre à la lumière de COVID-19 », dont l’objectif était de partager l’information sur les possibilités des organisations-membres de travailleurs de l’économie informelle de promouvoir les droits des femmes dans les espaces urbains, en s’appuyant sur l’expérience de StreetNet International et de ses affiliés.
Travailler
dans les espaces publics : survivre à la stigmatisation, à la violence et
au harcèlement
Oksana a présenté les défis uniques auxquels sont confrontés les travailleurs de l’économie informelle dans les villes, représentant 44% de tous les travailleurs. Malgré leur pertinence et leur contribution à la vie urbaine, les planificateurs économiques et urbains semblent considérer les travailleurs informels et les vendeurs de rue, en particulier, comme ceux qui posent beaucoup de problèmes, et perçoivent ces travailleurs comme une source de criminalité et de déréglementation. Cependant, cette criminalisation ne prend pas en compte la valeur et la dignité du travail de vente dans la rue, car c’est une alternative à des milliers de personnes que le système formel d’emploi n’est pas en mesure d’absorber et qui se rendent légitimement dans la rue pour vendre des marchandises pour gagner la vie de leurs familles d’une manière très honnête.
La mauvaise
réputation des vendeurs informels urbains ne correspond pas à la réalité et
contribue à la marginalisation et à l’exclusion. Oksana a souligné que la
plupart des travailleurs de l’économie informelle tentent de survivre sans
bénéficier d’aucune forme de protection sociale ou juridique, d’infrastructure
de base, de marchés publics, de services de développement des affaires, de
programmes d’allégements fiscaux, etc.
En outre, les vendeurs
informels urbains doivent également faire face à la menace quotidienne de
violence, de harcèlement, de bakchichs, de confiscations et d’expulsions par
les autorités locales et les forces de l’ordre. Ces travailleurs sont non
seulement contraints de compter uniquement sur eux-mêmes, mais ils sont
également persécutés pour avoir osé survivre en travaillant dans l’économie
informelle.
Impact de
COVID-19
Le COVID-19 a été
désastreux pour tous les travailleurs de l’économie informelle urbaine. Les confinements
et les restrictions de quarantaine ont eu pour conséquence que de nombreux
travailleurs se sont soudainement retrouvés sans travail, sans revenu ou même
sans nourriture.
Pour les vendeurs
de rue et les vendeurs informels qui font partie de StreetNet International,
les impacts négatifs de COVID-19 se sont intensifiés en raison de leurs
conditions de travail et de vie. Beaucoup survivent avec un revenu quotidien, ne
bénéficient d’aucune protection sociale et ont un accès limité aux soins de
santé et à d’autres services publics (comme l’eau potable).
La plupart des
vendeurs de rue étaient confrontés à l’impossibilité de faire leur choix :
rester à la maison et mourir de faim ou retourner travailler dans la rue avec
la menace imminente de la pandémie. Ceux qui ont été contraints par les
circonstances de continuer à travailler ont toujours été persécutés par les
autorités et ont subi des expulsions brutales, même si ces travailleurs
n’avaient d’autre choix que de risquer l’infection pour survivre.
Violence contre
les femmes dans l’économie informelle
Le COVID-19 n’a
pas seulement conduit à une plus grande violence dans les rues. Les cas de
violence sexiste ont augmenté, y compris parmi les travailleurs de l’économie
informelle.
Les vendeuses de rue sont plus exposées à différents types de violences et d’abus, car elles doivent non seulement faire face à la menace de violence à la maison (l’endroit le plus dangereux pour les femmes, (selon une étude de l’ONUDC), mais elles sont également ciblées par les autorités, et leurs conditions de travail précaires n’offrent aucune protection contre le harcèlement et les abus.
Il n’est donc pas
étonnant que chaque fois que la crise éclate, les femmes sont plus susceptibles
de perdre leur emploi que les hommes et ont plus de mal à se rétablir et à
réintégrer le marché du travail.
Réponse de
StreetNet : plaidoyer, solidarité et leadership des femmes
Tout au début de
la crise pandémique de COVID-19, les vendeurs de rue et les associations de vendeurs
transfrontaliers se sont mobilisés rapidement. Là où il était possible et où les
relations avaient été établies entre les organisations de vendeurs de rue et
les autorités locales, ces organisations ont rapidement adapté leur travail
pour répondre aux nouvelles exigences sanitaires et ont cherché des moyens de
se soutenir mutuellement. Comme l’a déclaré Oksana, les vendeurs de rue sont « novateurs
et créateurs » et ont trouvé des moyens de travailler tout en respectant
les directives de soins de santé requises. Pourtant, plusieurs continuent à
souffrir des restrictions imposées par les gouvernements.
C’est pourquoi
StreetNet International et ses affiliés ont établi une liste de demandes
claires et concises à adresser aux gouvernements, de demandes qui sont basées
sur le principe « rien pour nous sans nous » :
- Subvention universelle d’existence de base / liste de subventions d’allégements.
- Exemption du paiement des factures pour les services publics et le loyer pendant la crise COVID-19.
- Inclusion des vendeurs de rue, ceux qui vendent des aliments, dans la liste des travailleurs essentiels pendant le confinement.
- Protection sociale universelle.
- Accès universel aux soins de santé.
StreetNet International fait également partie de la plate-forme de solidarité mondiale et participe à la campagne respective de « 2 milliards de gens forts – la reprise commence avec nous », dirigée par WIEGO – Women In Informal Employment: Globalizing and Organizing / Les femmes dans l’emploi informel : mondialisation et organisation. La déclaration de la plate-forme mondiale de solidarité appelle à une transformation, un nouveau modèle de travail qui « reconnaît et valorise toutes les formes de travail », conformément à la recommandation 204 de l’OIT.
StreetNet a
également commencé à partager sur les médias sociaux des histoires inspirantes sur
les vendeuses de rue provenant de plusieurs pays, et comment ces vendeuses sont-elles
devenues leaders pour défendre les droits des travailleurs de l’économie
informelle. L’objectif de ces histoires est de démontrer comment ces femmes
sont-elles devenues actrices clés du changement à plusieurs niveaux (droits du
travail, droits des femmes, développement économique, etc.)
Vous pouvez regarder la version raccourcie de la présentation d’Oksana ici (en anglais) :
StreetNet International mobilise tous ses affiliés et
sympathisants pour promouvoir les droits des vendeurs de rue, des colporteurs
et des vendeurs transfrontaliers pendant le COVID-19. Suivez-nous sur Facebook et Twitter, et amplifiez notre message.