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Financement participatif (crowdfunding) pour les vendeuses de rue et leurs familles au Ghana : défis et leçons tirés

Mme Deborah Freeman est l’actuelle secrétaire générale de l’Union des associations de travailleurs informels (UNIWA), affiliée à StreetNet International. Avec son collègue Eric, elle a été l’une des participantes au projet pilote de financement participatif visant le renforcement des capacités. Ils ont développé la campagne de financement participatif en ligne « Sauvez la vie des travailleuses du secteur informel et celle de leurs enfants : Soutenez 1000 travailleuses du secteur informel et leurs enfants au Ghana en leur fournissant de la nourriture, des équipements de protection individuelle et des fonds leur permettant de redémarrer leurs activités ». Nous avons discuté avec Deborah pour comprendre les défis et les leçons apprises qu’elle avait rencontrés en suivant le cours et en mettant en œuvre sa campagne :

Création de la campagne

En regardant le thème de la campagne, il devient évident que Deborah voulait se concentrer sur le soutien aux femmes. « Au Ghana, comme dans de nombreux pays africains, les femmes prédominent dans l’économie informelle. En fait, plus de 605 de nos membres, sont des femmes », déclare Deborah. « L’effet néfaste du COVID-19 sur les femmes ne peut être surestimé. La plupart d’entre elles ont perdu leurs fonds de commerce et, dans la plupart des foyers, les femmes sont les seules qui soutiennent leurs familles. Donc, l’idée essentielle consistait à leur accorder une assistance réelle ».

Ainsi, les objectifs de la campagne consistaient à mettre à disposition des femmes des produits alimentaires essentiels, des équipements de protection individuelle (EPI), des fonds de commerce et à soutenir leurs contributions au régime de retraite des travailleurs informels du TUC / UNIWA, afin de leur permettre d’accéder à des prêts à des conditions avantageuses et d’assurer la sécurité du revenu dans l’avenir. « Nous avons pris la décision d’aller au-delà des EPI et de renforcer les capacités des femmes en matière de financement et de les aider à démarrer leurs activités ».

L’un des principaux défis était de s’inscrire à la plateforme de financement participatif, Given Gain. La bureaucratie a retardé le lancement de la campagne, mais puisqu’il s’agissait de la campagne en direct, Deborah et son collègue Eric ont rapidement mobilisé des supporteurs hors ligne et en ligne.

Favoriser la solidarité entre les travailleurs

Deborah et Eric ont commencé à envoyer des lettres aux supporteurs pour décrire les objectifs de la campagne. Plusieurs étaient solidaires avec leur lutte, mais avaient eux-mêmes des difficultés financières et ne pouvaient donc pas contribuer. Même ceux qui souhaitaient faire un don en étaient parfois incapables, car ils n’avaient pas de carte de crédit. Pour Deborah, il est clair que si la plate-forme Given Gain avait permis les transferts mobiles, elle aurait attiré plus de donateurs.

Heureusement, le Congrès des syndicats du Ghana (TUC) est intervenu pour apporter son aide. « Nous avons fait circuler la lettre de campagne et l’avons remise aux secrétaires généraux et aux présidents de tous les syndicats affiliés, dont il y en avait une vingtaine », explique Deborah. Ils ont commencé à recevoir des appels des gens qui exprimaient leur soutien à la campagne, dont l’un était du secrétaire général du TUC.

« Ils ne nous ont pas donné d’argent, mais nous avons convenu avec eux qu’ils devraient acheter des équipements de protection individuelle (EPI) en notre nom. Ils ont donc acheté des EPI valant plus de 20 000 cédis ghanéens », ce qui correspondait à plus de 3 500 dollars, « et nous les avons distribués à nos membres à travers le pays ».

D’ailleurs, le don n’a pas été fourni via la plateforme de financement participatif, et si Deborah et son équipe n’avaient pas investi dans la création de la campagne, elles n’auraient probablement pas eu accès à ces EPI essentiels pour protéger leurs membres.

Leçons tirées

Deborah recommande vivement aux autres organisations de vendeurs de rue et autres vendeurs informels de suivre et de mettre en œuvre la boîte à outils pour le financement participatif. Cependant, il y a quelques leçons apprises qu’elle aimerait souligner :

CHOISISSEZ DES PLATEFORMES DE FINANCEMENT PARTICIPATIF AVEC DES PROCEDURES DE PAIEMENT FLEXIBLES ET SIMPLIFIÉES

Pour Deborah, le manque de compétences techniques et le fait de ne pas avoir accès aux cartes de crédit ont sérieusement entravé la participation de nombreux donateurs potentiels. Par conséquent, elle conseille aux organisations de s’assurer que les plates-formes de financement participatif permettent des procédures de paiement flexibles et simplifiées, tout en soulignant que les transferts mobiles sont un moyen très rapide et accessible pour faire des dons et peuvent donc être préférables à d’autres procédures de paiement.

SOYEZ TRANSPARENTS ET ASSUREZ-VOUS DE RÉPONDRE À TOUTES LES EXIGENCES DES PLATEFORMES DE FINANCEMENT PARTICIPATIF

Plusieurs organisations de travailleurs de l’économie informelle ne sont pas officiellement enregistrées et n’ont donc pas de compte bancaire ouvert à leur nom. Deborah souligne à quel point cela est incompatible avec les plateformes de financement participatif telles que Given Gain et conseille aux organisations de suivre une procédure régulière. Sinon, elles risquent de ne pas pouvoir s’inscrire sur des plateformes de financement participatif crédibles et cela nuit également à la transparence financière de la campagne. « Assurez-vous que votre compte bancaire est ouvert au nom d’une organisation et non au nom d’un individu », ajoute-t-elle.

UNE CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF AIDE À DÉVELOPPER LES CAPACITÉS DE L’ORGANISATION

Selon Deborah elle-même, la création d’une campagne de financement participatif oblige les dirigeants des organisations de travailleurs de l’économie informelle à « intensifier leur jeu » et à devenir plus compétents en matière de technologies informatiques et de la communication. Par conséquent, cela peut également être bénéfique à long terme.

Dr. Yaw Baah, Secrétaire général du Congrès des syndicats (TUC) du Ghana, remettant les articles à Deborah Freeman, Secrétaire générale de l’UNIWA, Union des associations de travailleurs informels, affiliée au TUC du Ghana.

LA CLE REPOSE SUR UN RESEAUTAGE, AINSI QUE SUR LA POSSIBILITE D’AFFILIATION A UNE PLUS GRANDE ORGANISATION DE TRAVAILLEURS

Deborah reconnaît que certaines organisations de travailleurs de l’économie informelle qui sont autonomes pourraient avoir des difficultés à s’affilier à des organisations plus importantes, mais elle souligne l’importance d’appartenir à des centrales syndicales nationales telles que le TUC. Le Ghana est l’un des pays africains les plus avancés à cet égard, ce qui a permis à l’UNIWA de tirer parti de la campagne de financement participatif et au-delà.

« Toute organisation de travailleurs de l’économie informelle devrait s’efforcer de faire partie d’une centrale syndicale, quelle que soit la difficulté du processus. Parce que l’une des stratégies des syndicats consiste en solidarité », explique Deborah. « TUC était solidaire avec les travailleurs de l’économie informelle, d’où la volonté de faire un don pour acheter des EPI pour les travailleurs de l’économie informelle. C’est ce qui nous a aidés, car nous pensons que nous sommes une seule famille. Et donc, lorsqu’un côté souffre, les autres devraient tous se mobiliser et se rallier pour les rendre plus forts et les soutenir. Et c’est exactement ce qui nous est arrivé ».

À cet égard, Deborah reconnaît également à quel point le soutien de StreetNet International a été essentiel. C’est grâce au projet pilote de financement participatif que l’UNIWA a réussi à recevoir un tel soutien de la part de TUC. « Je veux profiter de cette occasion pour vraiment apprécier StreetNet International pour son geste aimable et je les encouragerai à continuer ce soutien, car il aide vraiment les affiliés ».

Vous pouvez toujours faire un don à la campagne de financement participatif de l’UNIWA et soutenir 1 000 vendeuses de rue et leurs familles au Ghana !

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