StreetNet en visite de terrain chez notre affilié NIDAWU en Namibie

Par StreetNet Media
20 juillet, 2022
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En juin 2022, Mme Jane Masta, Organisatrice pour l’Afrique orientale et australe, et Mme Margarida Teixeira, Responsable de la communication et des médias, ont effectué une visite sur le terrain à Windhoek, en Namibie, pour comprendre le contexte actuel des droits du travail en Namibie, ainsi que les conditions de travail de notre affilié Namibia Informal, Domestic & Allied Workers’ Union (Syndicat des travailleurs informels, domestiques et des assimilés – NIDAWU). Cette visite a été organisée en coopération avec la fédération nationale des syndicats, le Congrès des syndicats de Namibie (TUCNA).

Coopération entre les syndicats et les travailleurs de l’économie informelle

On estime que jusqu’à 63% des travailleurs en Namibie sont employés de manière informelle. En raison de l’importance de l’économie informelle pour les droits du travail dans le pays, le Congrès des syndicats de Namibie (TUCNA) a été l’un des principaux promoteurs et supporteurs de la création du NIDAWU, avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung. Depuis le Congrès fondateur de l’organisation, TUCNA a continué à soutenir ses membres et ses leaders. C’est à travers TUCNA que les vendeurs informels découvrent souvent NIDAWU.

« J’entendais toujours parler de syndicats et je connaissais cette fédération syndicale, TUCNA, alors je suis allée me renseigner pour voir comment je pouvais être protégée. Heureusement, j’ai eu la chance de trouver qu’il y avait un syndicat pour les travailleurs de l’économie informelle », dit la jeune vendeuse, Mme Abia Shingwedha. Elle ajouta qu’en tant que jeune membre d’un syndicat, affilié à TUCNA, elle s’est également impliquée dans les activités de TUCNA destinées aux jeunes et aux travailleuses. Bien que la Namibie soit devenue l’un des premiers pays à ratifier la Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail, les représentants des femmes et des jeunes de TUCNA savent qu’il reste encore beaucoup à faire, tant pour les travailleurs formels qu’informels.

Avec les représentants des femmes et des jeunes de TUCNA

Cependant, l’impact du COVID-19 et l’instabilité financière se sont révélés des défis difficiles pour NIDAWU.

« Actuellement, TUCNA est chargé de représenter les travailleurs de l’économie informelle jusqu’à ce qu’un accord de transition soit obtenu », a expliqué le Secrétaire général, M. Kavihua Mahongora. L’organisation encourage également les syndicats de travailleurs de l’économie informelle avec lesquels elle travaille à se regrouper.

Il existe désormais trois syndicats de travailleurs de l’économie informelle en Namibie : NIDAWU ; Oruuano, un syndicat d’artistes ; et le Syndicat namibien des vendeurs informels et des travailleurs de Shebeen. TUCNA ainsi que Mme Shingwedha espèrent pouvoir réunir leurs efforts et adhérer formellement au NIDAWU lors de son futur Congrès.

Avec des représentants des travailleurs de l’économie informelle

L’accès à la protection sociale comme priorité principale

En Namibie, les travailleurs de l’économie informelle n’ont pas accès à la protection sociale. Selon le secrétaire général du Syndicat des services publics de la Namibie, M. Matthew Haakuria Ndjizuvee, « tous ceux qui travaillent à leur propre compte ne sont pas reconnus comme travailleurs par la loi sur la sécurité sociale». À son avis, il serait également important que la Constitution de la Namibie reconnaisse la protection sociale comme un droit.

Devant la Commission pour la sécurité sociale avec les représentants de TUCNA et Mme Unomengi Kauapirura

La Commission pour la sécurité sociale soutient l’idée de l’inclusion des travailleurs de l’économie informelle et est disponible pour travailler et même financer des projets qui pourraient conduire à des régimes de protection sociale plus inclusifs, via son Fonds de développement. Le 12 août, la Journée nationale de la sécurité sociale en Namibie, la Commission prévoient même des actions visant directement les travailleurs de l’économie informelle. Cependant, comme l’a dit Mme Unomengi Kauapirura, directrice principale de la communication et du marketing, les travailleurs doivent s’organiser et développer des régimes leur permettant à la fois de cotiser et de percevoir des prestations de sécurité sociale.

Le ministère du Travail, des Relations industrielles et de la Création d’emplois étudie également les moyens visant une meilleure intégration des travailleurs de l’économie informelle. Au sein du Conseil consultatif tripartite pour le travail, dont TUCNA est membre représentant les travailleurs, un comité a été créé pour travailler sur la recommandation 204 de l’OIT. Selon la directrice exécutive par intérim du ministère du Travail, Mme Balbina Daes Pienaar, la Namibie est pleinement engagée à la mise en œuvre de la Recommandation 204.

Avec les chercheurs du LaRRi et les représentants du TUCNA

Cependant, les politiques mises en œuvre pendant la pandémie n’étaient pas adaptées aux travailleurs de l’économie informelle. Pour décrire la situation, Mme Kudzkai Clara Chireka, chercheuse principale à l’Institut de ressources et de recherches sur le travail (Labour Resource and Research Institute), a fait référence à ses propres recherches concernant l’impact du COVID-19 sur les travailleurs namibiens. Selon elle, vu que les marchés ont été contraints de fermer, les vendeurs informels ont cessé d’avoir une source de revenus. Dans le même temps, pour se nourrir les travailleurs ont été contraints de n’avoir accès qu’aux supermarchés, où les produits sont souvent beaucoup plus chers et où les avantages pour la santé ne sont pas clairs. « Nous avons essayé de dialoguer avec les décideurs politiques parce que l’environnement n’était pas propice au bien-être des travailleurs de l’économie informelle », explique Mme Kudzkai.

Dans ses activités, la Fondation Friedrich Ebert Stiftung en Namibie se concentre aussi sur les questions de la protection sociale des travailleurs de l’économie informelle. Avec la Faculté des sciences humaines et sociales de l’Université de Namibie et la Commission pour la sécurité sociale (CSS), ils ont organisé un forum d’experts sur la protection sociale dont l’objectif est de promouvoir le dialogue et le débat national. En outre, en coopération avec l’organisation du secteur informel namibien, NISO, qui est une organisation enregistrée auprès du ministère du commerce, ils ont codéveloppé un code de conduite d’un travailleur de l’économie informelle en Namibie. « Pour nous, l’une de nos principales tâches consiste à examiner la situation critique des travailleurs de l’économie informelle et à rechercher des solutions à leur situation », déclare la directrice nationale, Mme Freya Grinhagen.

Avec les représentants de FES Namibie et du TUCNA

Mauvaises conditions de travail et difficultés pour franchir les frontières : le point de vue d’un vendeur informel

Les vendeurs devant le marché de Tukolondjeni

Pendant leur séjour à Windhoek, StreetNet et TUCNA ont visité les marchés du canton de Katutura. Sur le marché de Tukolondjeni, nous avons discuté avec certains des vendeurs – principalement des femmes – qui ont partagé leurs préoccupations concernant le manque de conditions de travail décentes et l’accès aux prestations de sécurité sociale.

Beaucoup de ces vendeurs sont originaires d’Angola et se livrent au commerce transfrontalier. L’une d’entre eux, Sara Ngumba, a expliqué qu’on lui demande souvent des documents supplémentaires lors du passage de la frontière et que les réglementations sont faites pour les grands commerçants, et non pour les petits vendeurs de l’économie informelle comme elle. Cependant, en tant que passionnée du commerce, elle se préoccupe vraiment des conditions du travail au marché de Tukolondjeni. Elle pense que le marché devrait disposer des toilettes, d’un accès à l’eau et d’autres installations, afin d’être plus hygiénique et d’offrir des conditions plus confortables pour ses clients.

Vendeuse transfrontalière informelle Sara Ngumba

Quant à Sara, elle est diplômée de l’université, mais elle s’est tournée vers l’économie informelle pour gagner sa vie. Elle n’a pas honte d’avoir dû faire ce choix, car pour elle : « Si tu sais gérer ton travail, tu peux aller loin, tu peux nourrir ta famille, tu peux même aller étudier ailleurs, car il n’y a aucun endroit où les gens ne sauraient pas faire des affaires. Je suis fière de ce que je fais, parce que je le fais avec amour ».

Un avenir plein de possibilités pour les travailleurs de l’économie informelle en Namibie

Après trois jours de découverte du contexte des droits du travail en Namibie, nous sommes convaincus que les travailleurs de l’économie informelle ont de nombreux partenaires potentiels qui désirent de collaborer. Qu’il s’agisse d’organismes de recherche ou d’agents du gouvernement, l’économie informelle occupe une place de plus en plus importante dans l’agenda de la Namibie. Avec le soutien de TUCNA, nous nous attendons à ce que NIDAWU grandisse et se réaffirme comme la voix des travailleurs de l’économie informelle en Namibie.

L’organisatrice Jane Masta devant le marché communautaire d’Oshetu

Consultez notre album Flickr pour voir des photos de la visite de terrain : https://www.flickr.com/photos/146860473@N02/albums/72177720300482717

Voir le rapport vidéo de la visite de terrain (en anglais):

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