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Home | Actualités | StreetNet fête son 20e anniversaire
L’histoire de la création de StreetNet International est d’abord et avant tout l’histoire d’une lutte de classe mondiale, qui s’est épanouie et s’est transformée en une organisation démocratique transnationale. La mission de StreetNet est de représenter et de rassembler les problèmes des vendeurs de rue et de marché à travers le monde, les problèmes d’une catégorie de travailleurs qui constituent un pourcentage écrasant de la main-d’œuvre mondiale, mais qui ne sont généralement pas reconnus, très rarement représentés et entendus dans les institutions internationales, les organisations, les mouvements syndicaux. Le travail que StreetNet a effectué au fil des années est, pour certains aspects, similaire à celui d’un syndicat : StreetNet poursuit l’objectif d’une organisation démocratique de travailleurs. Cependant, cette organisation signifie aussi beaucoup plus : elle est une alliance de personnes du Sud global qui se sont réunies pour définir l’agenda mondial de leur lutte. Parler de StreetNet signifie aussi parler du rôle fondamental des femmes et de leur lutte pour l’égalité des sexes et pour le leadership féminin.
La création de StreetNet, et globalement le travail des réseaux de travailleurs de l’économie informelle actifs dans le monde entier, est un défi à la dynamique traditionnelle du pouvoir du mouvement syndical et de celle de l’organisation internationale, car elle défie à la fois la domination masculine et la traction du Nord global. Dire que l’économie informelle fait partie du mouvement ouvrier, c’est dire que les travailleurs de l’économie informelle font en fait partie de la classe ouvrière mondiale et ont le droit de faire entendre leur voix dans les forums mondiaux, dans les environnements politiques et dans les médias mondiaux.
L’une des premières organisations de travailleurs de l’économie informelle qui a révolutionné la manière dont les luttes collectives étaient menées dans ce secteur, a été l’Organisation indienne de femmes exerçant une activité indépendante (Self Employed Women’s Organisation, SEWA), fondée à Ahmedabad (Inde) en 1972. SEWA est née du mouvement gandhien de libération en Inde, et depuis cinquante ans, elle défend, soutient et représente les travailleuses de l’économie informelle dans le pays. SEWA a joué un rôle de premier plan dans la création de StreetNet. L’expérience de SEWA a inspiré les travailleuses de l’économie informelle d’Afrique du Sud à créer l’Union de femmes exerçant une activité indépendante (Self Employed Women’s Union, SEWU), en 1994. En 1995, 11 organisations de travailleurs représentant les vendeurs informels et les vendeurs de rue se sont réunies à Bellagio, en Italie. Tout au long de 2001 et 2002, une série d’ateliers préparatoires ont eu lieu au Pérou, en Inde et au Ghana, qui ont finalement conduit au congrès fondateur de StreetNet, à Durban, le 14 novembre 2002.
« Lorsque nous avons lancé la toute première fédération internationale des vendeurs de rue et des vendeurs informels à Durban en 2002, nous rêvions d’une fédération syndicale mondiale des travailleurs de ce secteur de l’économie informelle », déclare Pat Horn, fondatrice de StreetNet et sa première Coordinatrice. « Ce rêve a été réalisé, grâce à votre unité et à votre engagement et à ceux de vos leaders qui ont fait de l’organisation ce qu’elle est aujourd’hui ».
L’organisation a été fondée sur deux piliers principaux, qui restent au centre de la philosophie de StreetNet et de son style d’organisation. Le premier est l’équilibre entre les sexes dans le leadership, ou la règle de représentation de 50-50 s’applique. Les organes élues, comme le Conseil international, doivent être composées à parts égales d’hommes et de femmes. Ainsi, StreetNet a voulu se distancier du mouvement syndical traditionnellement dominé par les hommes et refléter sa composition de base : les travailleurs de l’économie informelle et les vendeurs de rue sont des femmes dans une écrasante majorité. « Au début, StreetNet a dû faire face à de nombreux contrôles de la part des leaders masculins », se souvient Nozipo Lembethe, l’une des fondatrices de StreetNet. « La règle du 50/50 a été réalisée et appliquée ». En 2016, la première femme présidente, Lorraine Sibanda, qui occupe toujours ce poste, a été élue. Lorraine est la présidente de ZCIEA, l’affilié de StreetNet au Zimbabwe, et travaille comme vendeuse de rue depuis de nombreuses années.
L’autre pilier fondamental a été le renversement de la domination traditionnelle du Nord global dans le mouvement ouvrier : de nombreux leaders et militants syndicaux du Nord global ont encore du mal à comprendre bon nombre des problèmes qui affectent les travailleurs de l’économie informelle dans le Sud. La dynamique du pouvoir devait être inversée : le Sud global avait besoin d’avoir le pouvoir de définir l’agenda, d’avoir l’influence politique dans le mouvement, et StreetNet a été créé pour atteindre cet objectif. En fin de compte, les travailleurs de l’économie informelle du Nord global, principalement des migrants, se sont tournés vers le Sud pour obtenir des conseils et des réponses à leurs problèmes.
En 2004, avec d’autres organisations de l’économie informelle, telles que WIEGO et la Fédération internationale des travailleurs domestiques, StreetNet a été accrédité auprès de l’Organisation internationale du travail, pour intervenir à la Conférence internationale du Travail. Ce type de reconnaissance a été essentiel pour StreetNet pour participer sur un pied d’égalité avec d’autres mouvements aux négociations internationales, pour porter les problèmes des vendeurs de rue à l’agenda et faire entendre leurs voix.
« Je n’arrive pas à croire que 20 ans se sont écoulés », se souvient Mirai Chatterjee, présidente du conseil d’administration de WIEGO et directrice de l’équipe de sécurité sociale à SEWA. « L’organisation a tellement grandi. Nous devons nous organiser dur, plus vite et plus fort, et continuer à construire notre solidarité pour continuer à grandir. De nombreux pays et continents attendent toujours que StreetNet vienne aider à organiser des associations de vendeurs de rue ».
« Nous nous sommes battus pour la reconnaissance, pour nos droits, pour la démocratie, pour l’inclusion économique et pour la justice », continue Oksana Abboud, coordinatrice internationale de StreetNet depuis 2019. « Nous pouvons dire avec fierté que nous avons accompli énormément de choses pendant cette période : nous avons augmenté notre capacité institutionnelle, nous avons grandi en nombre et nous sommes devenus mûrs pour prendre des décisions stratégiques ».
En 2012, l’institution de la journée internationale des vendeurs de rue, le 14 novembre, pour commémorer la fondation de StreetNet, a fait une autre étape importante dans la reconnaissance des travailleurs de l’économie informelle. Cette campagne a été l’une des plus efficaces parmi celles qui ont été lancées par StreetNet, qui a contribué à mettre en lumière cette cause au niveau mondial. Une autre étape a été la campagne « World Class Cities » (Villes de classe mondiale), dont l’objectif a été de mettre en lumière les expulsions et le harcèlement subis par les vendeurs de rue lors d’événements sportifs mondiaux, comme la Coupe du monde de football en Afrique du Sud en 2010 ou celle au Brésil en 2014. Une fois de plus, des concepts conçus dans le Nord global, tel que le décorum urbain, ont été imposés aux villes du Sud et aux travailleurs, en provoquant non seulement des violences contre les travailleurs, mais en perturbant aussi les liens sociétaux et communautaires des villes.
« À l’échelle mondiale, les travailleurs de l’économie informelle sont les travailleurs les plus visibles, mais ils sont encore invisibles en matière de protection sociale, de respect et de dignité », explique Lorraine Sibanda, présidente de StreetNet. « Pour StreetNet International, nous sommes fiers de dire que nous avons continué à représenter ces travailleurs invisibles. Nous continuerons à exiger l’élargissement de la protection sociale et d’autres droits pour ces travailleurs, afin qu’au bout du compte, nous puissions obtenir un travail décent pour tous ».
StreetNet a travaillé sans relâche durant ces vingt années pour perpétuer les valeurs de sa fondation. En 2023, l’organisation tiendra son septième Congrès international à Kigali, au Rwanda, et dispose désormais d’un processus démocratique solide en place, garantissant la poursuite des activités de manière fructueuse. Au cours de ces deux décennies, l’organisation a atteint bon nombre de ses objectifs en matière de politique, de représentation et de sensibilisation. Grâce à StreetNet, les vendeurs de rue sont maintenant plus unis, capables de formuler leurs problèmes et peuvent compter sur une organisation forte et respectée pour plaider en leur nom partout dans le monde. « Je suis très fière que StreetNet continue à se développer de plus en plus avec une jeune coordinatrice et une équipe d’organisateurs depuis que je leur ai passé les rênes à la mi-2019 », conclut Pat Horn.
Amandla ! La lutte continue !
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