À l’occasion du 8 mars 2023, Journée internationale des femmes, nous avons interviewé Mme Anastasie Chodaton, membre de notre Conseil international du Bénin.

Anastasie est actuellement Secrétaire Générale du SYNAMAVAB, (sigle du Syndicat National des Vendeurs, Vendeuses et Assimilés des Marchés du Bénin) et membre du Conseil International de StreetNet.

Elle est une femme leader reconnue dans son pays, très active dans la lutte pour la reconnaissance et les droits des vendeurs de rue. Elle est aussi membre du conseil d’administration de la Société de gestion des marchés autonomes (SOGMA) et présidente de l’Association des vendeurs unis pour le développement.

Une lutte de génération en génération

Selon les données de l’Organisation internationale du travail, au Bénin, plus de 70 % de la main-d’œuvre est activement impliquée dans le secteur informel. En 1992, la mère d’Anastasie, Justine Chodaton, a fondé SYNAMAVAB. « C’est elle qui a commencé à défendre les droits des vendeurs de rue », explique Anastasie, j’ai été initié au mouvement grâce à elle ».

Née à Cotonou, Anastasie a donc été très tôt exposée aux luttes du mouvement ouvrier. Quant à sa mère, Justine Chodaton, née en 1935 à Akonana, elle était vendeuse de produits textiles au marché de Dantokpa. Elle était une personnalité politique de premier plan, membre du parti « Renaissance du Bénin ». « Pat Horn (la fondatrice de StreetNet et sa conseillère principale actuelle) l’a reconnue comme une femme forte et combative, nous dit Anastasie, c’est pourquoi, au bout d’un moment, elle a invité SYNAMAVAB à rejoindre StreetNet ».

Le secteur informel au Bénin et le travail de plaidoyer du SYNAMAVAB

Selon le Département d’État américain, qui publie chaque année une analyse de la situation avec les droits de l’Homme dans tous les pays du monde entier, le secteur informel béninois représente plus de 90 % de la main-d’œuvre totale en 2021. Selon le « World Economics », le cabinet de conseil britannique, le PIB généré par l’économie informelle représente près de la moitié du total. Les travailleurs de l’économie informelle sont confrontés à un certain nombre de défis, notamment le manque de protection, de longues heures de travail et des conditions de travail non conformes aux normes, ce qui induit les risques professionnels.

SYNAMAVAB compte 11 000 membres, dont 90 % sont des femmes, selon les dernières statistiques publiées par StreetNet.

En parlant de son implication dans la stratégie de plaidoyer pour améliorer les conditions de tous les travailleurs de son pays, et de manière dont cette expérience l’a aidée à acquérir des qualités de leadership, Anastasie dit le suivant :

« J’ai eu la chance de me battre pour les droits des travailleurs de l’économie informelle, explique-t-elle, cela m’a permis d’acquérir l’expérience nécessaire pour devenir administratrice d’une structure qui gère les marchés, en collaboration avec toutes les autorités de mon pays ».

Conseils aux jeunes leaders

Le 8 mars est la journée quand nous célébrons les réussites des femmes, mais nous devons être conscients qu’il reste encore beaucoup à faire. Pour conclure, en s’adressant aux jeunes générations de femmes leaders, Anastasie dit : « Le chemin est semé d’embûches. Il ne faut pas se décourager. Nous devons aller jusqu’au bout – jusqu’à ce que nous gagnions ».