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Home | Actualités | Dans les coulisses du centre de fumage de Bonfi : Rencontre avec Mamadouba Bangoura, colporteur au cœur du marché
Nous sommes au cœur du centre de fumage de poisson de Bonfi, où la chaleur et l’odeur âcre de fumée emplissent l’air.
Entre les fours en briques rougeâtres et les bassines métalliques débordantes de poissons, le travail bat son plein. C’est ici que nous rencontrons Mamadouba Bangoura, un colporteur de 30 ans, qui transporte des bassines de poisson fumé du centre vers les marchés locaux. D’un pas sûr, il équilibre une grande bassine sur sa tête, son regard concentré mais toujours prêt à discuter entre deux livraisons.
Cela fait maintenant cinq ans que Mamadouba est colporteur. « Ça fait bien cinq ans maintenant. Je fais des allers-retours entre les fumoirs et le marché. C’est un métier dur, mais il faut bien nourrir la famille », explique-t-il avec un sourire, malgré l’éreintante charge de travail.
S’il reconnaît les conditions difficiles, Mamadouba ne se laisse pas abattre. Ce qui le motive, c’est sa famille. « Oui, c’est vrai, la fumée et la chaleur, on finit par s’y habituer, même si ça pique toujours les yeux. Ce qui me motive, c’est ma famille. Chaque panier de poisson vendu, c’est un repas sur la table pour mes enfants. Ici, on est une grande communauté, chacun fait sa part », dit-il en posant son bassin pour un bref moment de répit.
Le travail de colporteur, cependant, n’est pas uniquement une question de force physique. Mamadouba souligne qu’il nécessite aussi une grande préparation. « Ce métier, ce n’est pas seulement du travail physique. Il y a aussi toute la préparation. Le poisson doit être bien traité, sinon, on perd des clients. On travaille avec des fumeuses expérimentées. Elles connaissent toutes les techniques », poursuit-il, évoquant l’importance de la qualité du produit pour satisfaire les clients du marché.
Mais ces dernières années, les défis ont augmenté. Le changement climatique perturbe directement son travail. «Oui, c’est clair que les choses ont changé. Avant, il y avait plus de poissons et les saisons étaient plus prévisibles. Maintenant, on ne sait jamais vraiment. Parfois, il pleut trop ou pas du tout. Cela affecte la pêche, donc les poissons qu’on reçoit ici. Les pêcheurs eux aussi se plaignent que les eaux sont moins riches », dit-il, en évoquant les conséquences du dérèglement climatique sur l’approvisionnement en poisson.
Face à ces bouleversements, Mamadouba et ses collègues tentent de contribuer, à leur manière, à la durabilité environnementale. « On essaie de ne rien gaspiller. Le bois qu’on utilise pour fumer, par exemple, est souvent récupéré. Les femmes qui fument le poisson savent comment prolonger sa durée de vie sans trop utiliser de ressources. On essaie aussi de travailler avec les pêcheurs qui pêchent de manière responsable. Et moi, je fais attention à ne pas laisser de déchets après mes livraisons », explique-t-il.
Au fil de la discussion, nous lui demandons s’il nourrit des rêves pour l’avenir. Après un moment de réflexion, il répond : « J’aimerais un jour avoir mon propre stand. Être plus indépendant. Pour l’instant, je transporte le poisson des autres, mais pourquoi pas moi ? Il faut juste économiser assez et bien planifier. C’est ça mon rêve, que mes enfants n’aient pas à subir ces mêmes conditions de travail. »
Son regard se tourne vers l’horizon, au-delà du centre de fumage, là où se dessine un avenir incertain mais plein d’espoir. Après un dernier sourire, Mamadouba reprend son bassin, prêt à repartir vers le marché, poursuivant inlassablement son chemin dans ce monde de chaleur, de fumée et de résilience.
Cet échange avec Mamadouba nous montre une réalité à la fois dure et remplie d’humanité, où chaque tâche est exécutée avec détermination et chaque rêve est nourri par l’espoir d’un avenir meilleur.
Cet article été écrit par notre Activiste des Médias Djenabou Sow
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